Biographie

Berat Işık, jeune artiste turc d’origine kurde, est né en 1976 à Diyarbakır, dans la région sud-est de la Turquie où vit une importante minorité kurde. Après avoir étudié la peinture à l’Université de Dicle, et passé le concours national, il a commencé à travailler comme professeur de dessin dans les collèges et lycées de sa région parallèlement à son activité artistique. Actuellement, il vit et travaille dans sa ville natale.

Dès ses premiers travaux, Dancer in the Dark (2003), Psycho (2001) et Eyes Wide Shut (2001) pour lesquels il a été honoré par le prix de la réussite lors de la 23e Exposition des Artistes Contemporains en 2004, Işık se concentre sur la vidéo en faisant finalement de ce medium son unique support artistique. A l’exception de son documentaire, Where bluebirds fly (2008), ses bandes sont de courte durée, ne dépassant pas quelques minutes. Il emprunte systématiquement leur titre aux films ou aux chansons populaires de la culture occidentale. Il en modifie entièrement le contenu, installe l’action dans un contexte décalé parfois très proche de l’absurde, n’hésitant pas à mélanger les éléments modernes et traditionnels. Souvent sur un fond d’humour noir, Berat Işık questionne l’influence de la culture populaire sur la mémoire collective. Il porte un regard critique sur la société contemporaine et met en évidence la position délicate dans laquelle se trouve la minorité kurde en Turquie.

Comme pour refuser l’hégémonie de l’industrie qui impose une esthétique trop lisse, Işık ne corrige pas certains « défauts » techniques dans ses vidéos : la caméra tremble et le vent fait grésiller le micro dans Stop ! You are surrounded (2004), le cadrage de Wish you were here (2004) est trop serré, à la fin de Dancer in the Dark (2003) la bande son est coupée brutalement. Ces traces volontairement laissées dans les bandes soulignent la résistance que l’artiste manifeste contre le sur contrôle de la culture et l’urgence et la nécessité dans lesquelles ces œuvres sont produites.

Ses vidéos ont été montrées dans de nombreuses expositions et festivals, notamment à Placebo Effect à Berlin en 2004, Free Kick à Istanbul en 2005 et lors du Festival de film d’Istanbul en 2009.

Yekhan Pinarligil