Nationalité japonaise
Né en 1932 à Nagoya (Japon). Décédé en 2017
Biographie
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Biographie

Toshio Matsumoto est né en 1932 à Nagoya au Japon. Alors que le pays est très appauvri par la seconde guerre mondiale, ses parents refusent de financer ses études d’art, contraignant Matsumoto à commencer des études de médecine. S'il est passionné de peinture, il s'intéresse aussi au cerveau et à ses maladies comme la schizophrénie. Il change néanmoins rapidement d’orientation et obtient un diplôme d'art de l’université de Tokyo en 1955.
Très jeune, il se passionne pour le cinéma. A Tokyo, il peut voir aussi bien le cinéma japonais qu'étranger. Au début de ses études, il découvre la production néo-réaliste italienne qui le passionne mais c'est avec le cinéma expérimental qu'il décide de s‘engager dans cette voie. A la fin de son parcours universitaire, il travaille dans une petite société de production de films, afin d’apprendre toutes les facettes des métiers du cinéma, de la réalisation à la distribution.
Son premier court-métrage Ginrin date de 1955. La musique est une composition du célèbre musicien contemporain Toru Takemitsu, ce qui contribue fortement à la notoriété du film, car Matsumoto est le premier à utiliser ce genre de musique, inaugurant ainsi une utilisation nouvelle de la création musicale.
En 1963, il publie un livre sur la théorie de l'image et du documentaire d'avant-garde Eizo no hakken (”la découverte de l'image”), dans lequel il développe son point de vue très singulier pour la critique des années 1960. Alors qu’à l’époque, la tendance est à l’opposition entre le documentaire et la fiction, Matsumoto trouve le débat stérile, considérant que le cinéma annihile cette différence étant par essence un point de vue unique et donc subjectif, faisant basculer tout document vers la fiction. Il reproche l'aspect fermé et autoréférentiel des démarches expérimentales, mais il critique aussi le manque d'intérêt manifeste dans les films documentaires pour la sensibilité du spectateur. Uniquement soucieux du sujet et de son contexte le genre documentaire tel qu'il existe est, pour lui, une proposition obsolète une fois le contexte révolu. Fasciné par Guernica du réalisateur Alain Resnais, il revendique ce mélange de fantasme et de réalité dans cette évocation de la guerre et du fascisme par des montages visuels de peintures, sculptures et dessins de Picasso. Son ambition première est de trouver une unité entre montrer la réalité du monde et la subjectivité qui permet de pénétrer l'esprit et la sensibilité du public.
Après quelques courts-métrages et documentaires, il réalise sa première fiction, Nos funérailles en rose, révélation notamment pour Stanley Kubrick qui le cite comme source d’inspiration pour Orange Mécanique, réalisé en 1970. Le scénario est une adaptation du mythe d’Œdipe dans la société japonaise des années 1960. Réalisé à la même époque que le court-métrage For My Crushed Right Eye (« pour mon œil droit écrasé »), la structure de ces deux œuvres est complètement éclatée, tant au niveau de la forme que de la narration, et de la temporalité. Dans un entretien Matsumoto dit : « en termes de forme, j’ai déstructuré la chronologie narrative, et arrangé le passé et le présent, la réalité et le fantasme sur des axes temporels comme dans une peinture cubiste, adoptant une forme fragmentée, dans un genre de collage citant aussi bien la littérature le théâtre la peinture et la musique jeune ou vieille de l’Orient comme de l’Occident. S’il cite le cubisme, il évoque aussi le surréalisme et le formalisme russe qui l’ont profondément marqués dans sa jeunesse. La référence picturale caractérise l’ensemble de son œuvre, qui se singularise par un traitement visuel très coloré et des jeux de superposition d’images et de formes grâce aux effets spéciaux de la vidéo.

Le court métrage documentaire ou expérimental reste la forme privilégiée de Matsumoto. D’un format très variable (de 3 à 40 minutes), ses films mêlent préoccupations esthétiquephiques.
Il va aussi réaliser trois autres longs métrages, en 1971, Pandemonium, en 1976 la guerre à l’âge de seize ans et en 1988 Dogura Magura.

Patricia Maincent

*entretien avec Aaron Gerow pour ubuweb.