Nationalité française
Né en 1950 à Aubervilliers (France)
Vit et travaille à Paris (France)
Biographie
Bibliographie

Biographie

Jean-Baptiste Mondino est reconnu en France et aux Etats-Unis comme Directeur artistique en publicité, photographe, réalisateur de vidéoclips, et plus récemment comme producteur.
La formation de Jean-Baptiste Mondino consiste en un parcours d'expériences et de réalisations, mené dans un état d'esprit où se mêlent l'audace, la positivité et le défi, après un échec au certificat d'études. En 1970, il part à Londres, où il travaille dans des restaurants et des night-clubs (comme dee-djay). De retour en France en 1973, il entre dans l'agence de publicité Publicis, où il deviendra en l'espace de trois années Directeur artistique. Il y rencontre des photographes de publicité et en particulier Helmut Newton et David Bailey. Parlant de sa pratique, Jean-Baptiste Mondino fait souvent référence aux photographies de Man Ray, dont il souligne l'intemporalité et la tension propres au sujet, ainsi que les qualités du noir et blanc, technique à laquelle il fait lui aussi largement appel.
En 1976, Jean-Baptiste Mondino s'improvise photographe pour sa première pochette de disque, et poursuit avec les albums des plus grands artistes de variétés et ceux d'artistes moins connus, européens (Johnny Hallyday, Alain Chamfort…) et américains (Prince…), introduisant la technique publicitaire dans ce domaine.
Puis il entreprend la réalisation de films publicitaires (Maggi, Gratounet, Atari) et de mode (Jean-Paul Gautier, Yves Saint-Laurent, Kenzo), ainsi que des photographies qu'il publie dans des magazines tels que Elle, Marie-Claire Beauté, Lei, Lui, Actuel, 20 ans, Libération.
En 1982, alors que le phénomène du vidéoclip arrive en France, Jean-Baptiste Mondino, qui travaille depuis plusieurs années aux Etats-Unis, débute dans ce domaine. Il s'improvise auteur-interprète pour le premier clip qu'il réalise : La danse des mots (1982), puis viennent ceux de Taxi Girl, Stills et Tom Waits. Il devient rapidement une figure importante largement sollicitée et primée, notamment en France (au Festival du clip d'Antibes) et outre-Atlantique avec de nombreuses récompenses pour Cargo d'Axel Bauer (1984), deux prix du meilleur clip pour Boys of summer de Don Henley (1985) et quatre oscars attribués par MTV pour le clip de Don Henley et pour Un autre monde de Téléphone, créé la même année.
Les films courts de Jean-Baptiste Mondino sont des jeux de représentation et introduisent des éléments de discours sur le clip. Le réalisateur crée des images qui fixent des formes caractéristiques du sujet qu'il traite sur ce support éphémère. L'extrapolation d'une logique et la transfiguration d'une réalité sont des modes qu'il privilégie à la représentation de la sensibilité du groupe et de l'ambiance du tube (le clip de Madonna vue en danseuse de peep show, jugé trop sexy pour le public américain, fut corrigé par la maison de production de disques). Jean-Baptiste Mondino accentue un aspect secondaire et joue avec les anachronismes (l'accent kitch des Rita Mitsouko est mis en avant dans C'est comme ça). L'énergie du genre musical est représentée par les dimensions du spectacle (dans C'est comme ça la chanteuse est maquillée à la manière de Nina Hagen), par le choix des cadrages, le rythme parfois lent de la succession des plans, et les tensions du corps symboliques de cette énergie. Le spectacle chanté est ainsi filmé et retravaillé en fonction de la destination télévisuelle du produit et dans le but de faire image.
La destination internationale du clip, comme support promotionnel, peut déplacer la représentation de la chanson à l'image nationale transfigurée dans une dimension correspondant aux attentes supposées du public étranger ; par exemple, Un autre monde de Téléphone représente la France à travers le décor du métro aérien, filmé dans un style documentaire et rétro, en noir et blanc, rappelant par ailleurs la Nouvelle Vague 1.
Au début des années 1980, Jean-Baptiste Mondino introduit le graphisme dans la pratique du vidéoclip des sous-titres dans un clip de Tom Waits aux jeux d'évolution formelle de la typographie dans Soleil Soleil de Ahmed Fakroun (1984), ou encore dans La danse des mots où "des danseurs automates […] s'agitent sur un rythme saccadé (jeu d'accéléré et de ralenti sur le son et l'image) parmi des cubes envahisseurs aux faces lettrées"2.
La représentation est conçue dans un rapport à l'époque, notamment celle du corps humain dans un imaginaire lié à la science-fiction et aux avancées de la recherche scientifique (clonage, démultiplication des corps, fragmentation, mutilation). Déjà mis en oeuvre avec la technique vidéo (Mia Bocca de Jill Jones en 1987), ce sujet trouve de nouveaux développements avec l'image de synthèse qu'il utilise dès la fin des années 1980.
Le spectacle chanté créé spécialement pour le clip est souvent intégré dans une fiction et en particulier dans une mise en scène décrivant le rapport du téléspectateur à la diffusion des clips et aux comportements liés à la télévision.
Dès ses premiers vidéoclips, Jean-Baptiste Mondino introduit des références cinématographiques dans sa pratique, ainsi dans Cargo d'Axel Bauer, où l'on reconnaît la citation de Querelle de Fassbinder et l'influence de l'expressionnisme allemand 3.
Les cadrages et les points de vue ou axes de la caméra sont déterminés par le statut de l'objet filmé - chanteur ou musicien, personnage de fiction ou décor -, Jean-Baptiste Mondino attribuant un langage et des durées séquentielles propres à chacun de ces objets. Le rythme relativement lent de la succession des plans, les images construites et travaillées graphiquement se distinguent d'autres tendances du vidéoclip où l'image est une saisie filmique d'un spectacle rendu dans un surdécoupage, déterminé par le rythme musical et un collage d'axes et de cadrages en changement permanent.
Bien qu'impliqué et passionné par les Etats-Unis, Jean-Baptiste Mondino revient toujours à la France et à une caractéristique qui en elle le marque : les mots. En 1982, il interprète La danse des mots, une chanson en verlan qui fit l'objet de son premier 45 tours et qu'il conçut après un séjour aux Etats-Unis, en réponse au scratch, processus de création musicale inversant le sens de lecture d'un disque, qu'il a déplacé dans l'ordre des mots.
Les années 1990 sont celles d'horizons renouvelés. Il crée sa maison de production à Paris, Bandits Productions, tente l'adaptation d'un dessin animé long métrage, puis débute dans la réalisation télévisuelle avec d'une part l'habillage d'émissions (le générique de Rapido, de Antoine de Caunes, créé sur le mode du zapping américain) et d'autre part des films thématiques courts (Philippe Stark : La dernière vague). En 1999 paraît son livre de photographies : Mondino (Déjà vu).


Thérèse Beyler


1 Thierry Jousse, "Forme brève", Cahiers du cinéma, numéro 434, p. 82-84.
2 Viviane Chocas, "Kaleidos clip", Le Monde, dimanche 9 - lundi 10 septembre 1984.
3 Voir Thierry Jousse, op. cit.