Nationalité britannique
Né en 1969 à Londres (Royaume-Uni)
Vit et travaille à Londres (Royaume-Uni)
Biographie
Bibliographie
Liste expositions

Biographie

Entre 1989 et 1993 Steve McQueen étudie à Londres à la Chelsea School of Art and Design puis au Goldsmith College où il commence à s'intéresser au cinéma. C'est pour devenir réalisateur de cinéma qu'il va étudier à la Tisch School of the Arts de l'université de New York où il ne restera qu’un an. "Je suis allé là-bas parce que Spike Lee, Jim Jarmusch et Scorsese y ont étudié, mais en fait, c'était juste plein de gamins riches". Son approche du cinéma est déjà bien plus expérimentale que ce que préconisent les enseignants de l'école new-yorkaise : "Ils ne te laisseraient pas jeter la caméra en l'air en filmant" déclare-t-il dans ses interviews[1].
C'est à cette époque qu'il réalise son premier film, Bear, qui ne sera présenté au public que deux ans plus tard, en 1995. Fuyant le milieu de l'art new-yorkais et londonien et le battage médiatique, il vit et travaille à Amsterdam depuis 1994.
Grâce à son parcours entre arts plastiques et cinéma, et parce qu'il est attiré par les deux formes d'expression mais ne se retrouve ni entièrement dans l'une, ni entièrement dans l'autre, le travail de Steve McQueen se situe à la croisée de ces deux modes de création. Ses films ne sont pas construits sur un modèle narratif traditionnel. Ils s'attachent toujours à la présentation d'un seul évènement ou moment. L'artiste explore le langage filmique et les conventions cinématographiques. Il cite parmi ses références la Nouvelle Vague, les films d'Andy Warhol ou encore Eisenstein et Orson Welles.
Dans un premier temps, Steve McQueen réalise ses films en 32 ou 16mm, en noir et blanc et muets. C'est le cas de Bear (1993), Five Easy Pieces (1995), Just Above my Head (1996) et Stage (1996). Ces films, où l'artiste apparaît systématiquement, sont caractérisés par un minimalisme, une économie visuelle extrême. A propos du silence qui règne dans ses premières œuvres, l'artiste explique : "En fait, j'en ai fait une pièce muette parce que comme ça, quand les gens entrent dans cet espace, ils sont tout à coup beaucoup plus conscients d'eux-mêmes, de leur propre respiration. [...] Je veux mettre les gens dans une situation où ils sont sensibles à eux-mêmes regardant la pièce"[2].
En 1997, il présente Catch (1997) à la Documenta X., une descente sans fin dans un puits de mine de diamants en Afrique du Sud filmée en temps réel, aux côtés des ouvriers dans l'ascenseur[3]. Un an plus tard, le DAAD lui octroie une bourse pour travailler en résidence à Berlin où il présente une exposition photographique, Barrage, entièrement consacrée à ces petits rouleaux de tissu ou de moquette qui retiennent ou dévient l'eau dans les caniveaux parisiens. Le prix de la Tate Gallery pour la jeune création britannique, le Turner Prize lui est décerné en 1999 pour Deadpan et Drumroll, deux installations vidéo. Deadpan est un film en noir et blanc, muet et transféré sur vidéo, où il rejoue une célèbre scène burlesque de Buster Keaton tandis que pour Drumroll, l'artiste a accroché trois caméras sur un bidon qu'il a fait rouler dans les rues de Manhattan.
Depuis, il travaille dans des directions toujours plus ouvertes, diversifiant les médias qu'il utilise : il avait déjà utilisé la sculpture en 1998 avec le White Elephant qu'il présentait à l'entrée de l'exposition qui lui était consacrée à l'Institute of Contemporary Art de Londres, il ajoute des diapositives projetées dans son installation Girls Tricky à la Kunsthalle de Zürich en 1999. C'est aussi à partir de 1999 que le travail de Steve McQueen s'oriente vers des films beaucoup moins minimalistes, en couleur et sonores : Drumroll (1998), Prey (1999), Girls Tricky (2001), Once Upon a Time (2002), Western Deep / Carib’s Leap (2002)...
Dans un article paru en 2003, la critique d'art Geneviève Breerette écrivait à propos de l’œuvre de Steve McQuee quinzaine de films qu'il a réalisés depuis une dizaine d'années, d'une durée de quelques secondes ou de quelques minutes à moins d'une demi-heure, abordent toutes sortes de réalités apparemment sans lien entre elles. Ils sont comme des coups de sonde de plus en plus rapprochés au bord de gouffres, là où plus rien ne se mesure en termes connus. On ne les oublie pas. Pour jeune qu'il soit, 33 ans, Steve McQueen a des arguments visuels et intellectuels dont l'efficacité tient à l'économie des moyens qu'il met en jeu, qui font sens, et à l'empire physique des images qu'il produit : leur grain, leur proximité, cette vue du dedans qui annule l'écran et la distance entre le sujet et le spectateur."[4]

Emilie Benoit

[1] BBC News, 1er décembre 1999 : http://news.bbc.co.uk/1/hi/uk/544419.stm [2] 'Let's Get Physical', interview avec Patricia Bickers, Art Monthly, n° 202, décembre 1996-janvier 1997, p.2. [3] Sur cette pièce lire l'article de Geneviève Breerette, "Steve McQueen, l'humanité saisie à coups de sonde" paru dans Le Monde du 10 février 2003. [4] Geneviève Breerette, "Steve McQueen, l'humanité saisie à coups de sonde", Le Monde, 10/02/2003, Paris.