| Nationalité française Né en 1970 à Paris (France) Vit et travaille à Paris (France) et à Berlin (Allemagne) | Biographie
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Biographie
Nicolas Moulin étudie au début des années 1990 à l’Ecole nationale supérieure d’arts de Cergy Pontoise. Il travaille aussi bien la vidéo, la photographie, la sculpture, le son et reconnaît être fasciné par les « mondes étranges ». Il développe au sein des arts visuels un univers de science fiction inspiré des ouvrages de George Orwell et Philippe K. Dick et des films de John Carpenter et Terry Gilliam. A travers des manipulations numériques discrètes, il intègre plusieurs strates temporelles afin de mêler passé, présent et futur.
Amateur de science, de récits d’anticipation et de voyages dans des lieux énigmatiques tels que la Corée du Nord ou le centre de l’Islande, il joue avec l’inconscient collectif du spectateur, en dévoilant un potentiel fantastique au sein de notre univers quotidien. L’artiste s’intéresse aussi à l’environnement construit et à la façon dont les personnes sont conditionnées par les immeubles et les espaces qui les entourent.
Il construit des œuvres, sans narration définie, dans lesquelles la présence humaine se dissipe pour laisser place à des déserts mêlant béton et nature : les paysages désertiques de la série photographique Novomond (2000), la planète terre inhabitée de la vidéo en 3D Nun 1234 (2003), et les parcs paysager artificiels de Aviafluenza PLANCLIMNORM (2005).
La photographie est pour Nicolas Moulin un support qui impose un processus d’identification au réel, comme dans les grandes photographies de Vider Paris (1998-2001). Il y conjugue artifice et réalité en montrant des rues de la capitale française dont les façades des étages inférieurs ont été murés par des parois de béton. Toute trace d’existence humaine a été effacée, supprimant de manière imperceptible piétons, voitures, végétation urbaine, statues, panneaux de signalisation et publicités. La réalité ainsi épurée, vidée de tout signe de population, tend à l’abstraction. L’architecture haussmannienne apparaît telle un squelette sans vie. Nicolas Moulin propose une vision urbaine fantastique et improbable, donnant des pistes de narrations indéterminées, fragments de récits d’anticipation post-apocalyptique, entre contre-utopie et uchronie. Ces amorces de récits ouverts permettent aux spectateurs de s’immerger dans l’atmosphère tout en leur donnant assez de liberté pour laisser libre cours à leur imagination.
En 2007, Nicolas Moulin se rend en Corée du Nord à l’invitation de l’espace Louis-Vuitton, pour une mission d’exploration de cinq jours sous haute surveillance. Il en est revenu avec la maquette d’un bâtiment futuriste des années 70, Datchotel Ryugyong (2007). Bâtiment sur lequel il avait déjà travaillé en 2006 pour l’œuvre Askiatower, en intégrant une image en 3D de l’architecture dans un paysage désertique. Dans la continuité de ce travail, il réalise Nachdatch (2007) comme un intérieur fantasmé de cet édifice jamais achevé.
Puis, en 2008, il réalise Golbarrgorod, une installation composée d’un assemblage de carcasses d’ordinateurs, ruine contemporaine des matériaux informatique. Le titre de l’œuvre est formé à partir du nom d’un célèbre mathématicien du XVIII ème siècle, Christian Goldbach, créateur d’un problème mathématique encore non résolu et de “gorod” qui signifie ville en russe. Comme une métaphore des limites d’une société basée sur les systèmes numériques.