Full Circle, 1978
1 Pouce NTSC, couleur, son
Full Circle représente, par des images analogiques et digitales juxtaposées dans l'écran divisé en trois zones, les propriétés d'une performance physique et sonore.
En haut à droite, une prise de vue en plongée sur la scène de travail présente l'artiste assis à une table, manipulant un objet. L'image est traitée comme une ombre par un fort contraste des noirs et des blancs, sans valeurs intermédiaires, si bien qu'elle ne livre pour information que l'opposition entre des masses matérielles ou physiques et l'espace qui les sépare.
En bas, dans un rectangle de la largeur de l'écran, un gros plan en couleurs sur les mains de l'artiste montre la torsion d'une tige de cuivre. La matière qui subit la transformation est présentée dans sa réalité physique, puis symboliquement par une ligne digitale rouge, qui réfère à la couleur du cuivre dans son état neuf.
En haut à gauche, une ligne courte et verte se déploie en un cercle puis en un cylindre sous l'action de la voix. L'artiste émet en continu le son "ah" pendant qu'il tord le cuivre, si bien que l'intensité de la vocalise varie en fonction de l'effort physique. Pour produire l'image digitale des variations sonores par l'intermédiaire d'un oscilloscope, l'ajout d'un signal électronique constant a été nécessaire. La couleur de cette représentation du souffle et du son de l'action répond à l'apparence verte du cuivre oxydé et réfère à la matière de la première action.
La manipulation de la tige et l'image digitale du son opposent les propriétés des actions, avec d'une part le matériau, et d'autre part le son produit par les vibrations rapides de la matière des objets environnementaux, véhiculées par l'air. Ces deux propriétés sont symbolisées par l'image en fort contraste noir et blanc, qui représente une synthèse des conditions de cette double performance.
Gary Hill a réalisé des installations ayant le même objectif : un regard rétrospectif ou en direct sur l'action réalisée. Ainsi avec Mesh, créée la même année que Full Circle, l'artiste cherchait à rendre visible l'intervention du spectateur sur une oeuvre environnementale. Sur un mur, des morceaux de grillage étaient accrochés en strates. Un oscilloscope était associé à chacun d'eux, ainsi que quatre haut-parleurs. Le visiteur mettait en mouvement les treillis métalliques en entrant dans l'espace. Le son produit était amplifié par les enceintes, et l'image de la scène était renvoyée au spectateur par une caméra et un moniteur. Full Circle va plus loin en introduisant une représentation des propriétés physiques mises en oeuvre.
Thérèse Beyler