Charlemagne Palestine utilise la vidéo dans les années 70 comme extension à ses performances. L'écran du moniteur s'interpose entre l'être seul et le spectateur, reproduit un dispositif d'internement et de voyeurisme.

Face à l'obscurité totale de l'image, on perçoit d'abord quelques murmures, un rire, un souffle, l'amorce d'un chant syncopé. L'homme est antérieur à l'image, sa présence physique semble forcer les barrières du vide. Dans le noir puis la pénombre, deux points rouges surgissent, les yeux forment des trous lumineux comme un miroir obscur de notre regard projeté. Le visage se dessine ensuite autour de ces deux points, un visage ricanant, rugissant, secoué de spasmes violents, de balancements.

L'aliéné brandit ses chaînes, hurle ses refus, nous fixe dans une position insoutenable de spectateurs passifs rivés aux portes de cet asile. " Pourquoi m'avoir choisi ? ", répète-t-il inlassablement avant de retourner aux ténèbres.

Stéphanie Moisdon