Action Little Journey, 1977

Betacam PAL, couleur, son


Gina Pane est l'une des premières en France à avoir utilisé la vidéo dans ses performances, à la fois comme trace de l'action et comme partenaire privilégié pour formaliser son art corporel. Le corps, son expression douloureuse, sont au centre de ce langage, projeté inlassablement comme conscience sensible de soi et des autres, de l'être dans son monde. Action Little Journey n'offre pas en ce sens immédiatement ce corps meurtri ou violenté, mais propose simplement une structure, une série de pauses, de sections (10 exactement, chacune d'elles comprenant deux ou trois plans) qui constituent un puzzle d'objets, de fétiches, de couleurs franches, de lignes qui s'entrechoquent et organisent une lecture plurielle.

Gina Pane restitue aux images une certaine autonomie, un flottement, un désordre méticuleusement construit entre les temps simultanés (le présent coloré du corps actif et les photographies qui invoquent une certaine mémoire) et les espaces stratifiés. Entre ces temps et ces espaces imbriqués, seul le corps reste un lien théorique, symbolique, mythique.

Gina Pane dit à ce sujet : " …Mon corps en Action n'est pas seulement en relation mais relation lui-même. Il n'est pas une surface englobant un centre (tableau plat) ni un socle (porteur d'autre chose) mais il est l'entour, le dehors, le dedans : corps même du discours. Il réalise une " proximité " en raison même de sa non-clôture…Il faut comprendre " Mon corps en Action " non pas comme la peau d'une " peinture " enfermant son dedans mais comme un enroulement/déroulement, ramenant le fond au bord des choses ". (catalogue de l'exposition " Gina Pane ", galerie Isy Brachot, Bruxelles, janvier-février 1978).



Stéphanie Moisdon

( Extrait de l'Encyclopédie nouveaux médias http://www.newmedia-art.org/ )