Parade, 1993

Betacam SP, PAL, couleur, son


Sur un fond bleu uni, des vers blancs se promènent sur la surface de l'écran. Filmés du dessus, ils réalisent une parade minutieusement chorégraphiée sur fond de musique électronique. Au départ, une ligne blanche –les vers - traverse l'écran. Puis, surgit une deuxième. Ces deux lignes s'enroulent et forment un cercle, dans un mouvement qui suit la bande son. Ensuite, la caméra fait un zoom arrière, permettant ainsi de voir deux cercles constitués de 10 vers. Une alternance de plans rapprochés et de plans larges rythme la bande, qui se termine au moment où les lignes se croisent en formant une grille. Le quadrillage évoque la trame d'un textile ou encore la maille d'un tricot. Cette mise en scène, aux allures de défilé militaire, évoque par extension la régularité et les codes des points en couture. Qu'il s'agisse d'une parade ou de couture, ces deux activités se plient à des règles strictes. En tissage, l'armure est l'ordre dans lequel les fils de chaîne croisent les fils de trame. Cette terminologie à la connotation militaire (qui prend le même double sens en allemand) souligne l'aspect autoritaire et réglementé de cette technique. Dans une perspective critique de la place de la femme dans la société, Rosemarie Trockel travaille avec les outils liés à la condition féminine. Ici, la "mise au pas" des insectes peut faire écho à des pratiques réglementées ou à un ordre imposé derrière lequel les femmes se trouveraient placées.



Patricia Maincent