Don't Smile, You're on Camera, 1980

Betacam, PAL, noir et blanc, son et silencieux


Cette oeuvre fut à l'origine un travail sur 1/2 pouce vidéo d'une durée de quarante minutes. La dégradation de la bande a rendu nécessaire son nettoyage et la sélection des séquences encore lisibles, que sont les onze minutes présentées dans cette bande vidéo.


Il s'agit d'une performance en huis clos pour vidéo, artiste et spectateur. Le public est tourné vers un moniteur qui lui renvoie sa propre image, enregistrée en direct par Mona Hatoum. Comme un démiurge, elle scrute et fouille le corps des spectateurs de sa caméra, qu'elle utilise pour le porter sur l'écran, mais aussi pour donner à voir, par quelque artifice improbable, autre chose qu'une simple représentation : une autre couche de l'être, révélée, plus intime.


Cet oeil indiscret franchit les limites de l'intimité par la proximité du zoom avant, pendant que trois assistants invisibles du public enregistrent en direct avec une autre caméra leurs corps nus et superposent ponctuellement ces séquences - par fondu enchaîné - aux images saisies dans le public.Dans les années 1980, Mona Hatoum fait de la performance un médium important de son travail. Si l'image du corps blessé deviendra une image forte dans ce parcours, ici l'action a lieu à fleur de peau et montre les limites de la confrontation du corps intime au social. Le titre Don't Smile, You're on Camera indique, par le renversement de l'expression "souris, tu es filmé", le trouble pudique et le jeu de cette performance vidéo engendré par l'impact de l'image. Un dispositif semblable a dévoilé l'intimité du corps de l'artiste et le contenu de ses poches dans une oeuvre de la même année et intitulée Video Performance. Le médium vidéo prend le sens de révélateur d'une réalité cachée.



Thérèse Beyler