Variations On Discord and Divisions, 1984
Bétacam numérique PAL, couleur, son
Cette performance filmée de 40 minutes a été présentée pour la première fois en 1984 dans le centre d’art new yorkais ABC No Rio. Mona Hatoum refusant de faire deux fois la même œuvre a pour habitude de créer une performance unique spécifiquement pour un lieu. Pourtant, en 1984, elle décide avec Variations on Discord and Division, de proposer une action pouvant s’adapter à différents espaces. Elle offre ainsi plusieurs possibilités d’actions et de «variations». A travers cette performance et les différentes formes qu’elle peut prendre, l’artiste traite des notions d’exil, de guerre et d’oppression. L'oeuvre comporte plusieurs petites scènes abstraites qui sont pour l’artiste autant de manières d’expérimenter des situations spécifiques. L’espace de l’action est délimité par des journaux disposés en rangées recouvrant le sol et les murs ; les journaux, symbolisant la rédaction et la diffusion de l’information, souvent censurée par les gouvernements et les média. L’artiste, anonyme, habillée de noir et le visage recouvert d’un collant noir opaque, se présente au public en tant que corps. Et ce corps rampe sur le sol, au milieu des spectateurs pour parvenir jusqu’à la scène de la performance. Par le biais des petites scènes, l’artiste se met dans des situations tout à la fois absurdes, lorsqu’elle s’efforce de nettoyer le sol, en vain, car l’eau est teintée de rouge ; ridicules, quand elle essaie de s’asseoir sur une chaise et tombe à côté ; et violentes lorsqu’elle tente de dégager certaines parties de son visage en transperçant le collant qu’elle porte avec un couteau ou encore lorsqu’elle prend sous ses vêtements des rognons crus, les coupe et les offre au public. Elle termine la performance en déchirant des bandes de journaux comme un acte de libération.
Priscilia Marques