Les Gardiens, 2009
Dans Les Gardiens deux femmes discutent assises sur un tapis au milieu d'une nature généreuse. Cette scène est couverte par un environnement sonore (le bruit des travaux) qui nous indique que nous sommes proches d'une zone urbaine en transformation. Les deux femmes ont la tête voilée. Le tapis cristallise le désir d'un endroit à la fois intime et visible, un espace imaginaire dans lequel la prise de parole serait libre. Surgit en voix off des voix masculines qui perturbent le cours de leur conversation. La vision quasi utopique de la scène cède la place aux réalités contemporaines de ces zones urbaines en périphérie des villes, ici, précisément à la Cité des Bosquets, à Montfermeil.
Avec Les Gardiens, Florence Lazar aborde la banlieue en se focalisant sur Clichy-Montfermeil, siège des émeutes de 2005. A partir d'un objet domestique tel que le tapis, elle envisage le rapport des habitants à l'espace urbain en réhabilitation et siège d'une violence quotidienne. Déplacé de l'appartement à l'espace public, le tapis, alors lieu de la conversation, donne une visibilité aux femmes musulmanes.