Driftwood, House & Garage, Jungle, 1999 - 2000

Betacam SP, PAL, couleur, son


En 2001, Oliver Payne et Nick Reph attirent l’attention de la critique anglaise avec une trilogie de moyens métrages : Driftwood, House and Garage et Jungle, d’une trentaine de minutes chacun. Ils forment un groupe d’œuvres connu sous le nom de The Essential Selection, qui porte un regard engagé, et parfois satyrique, sur la culture anglaise contemporaine. Ces trois vidéos sont unifiées par le style singulier de leurs réalisateurs. Oliver Payne et Nick Relph font fusionner divers genres d’images animées, allant du documentaire à des séquences de vidéosurveillance, en passant par la vidéo journal intime, le tout étant harmonisé par la narration d’une voix off et une bande son musicale. L’approche documentaire qui sous-tend ces vidéos est néanmoins contrebalancée par les commentaires subjectifs et critiques des artistes.



Driftwood [1], débutant par un cinglant « Nobody knows London »,  est construit sur les observations des artistes sur l’architecture et les espaces publics de Londres, tout en présentant une brève histoire sociale de certains sites de la ville (South Bank, Oxford Street, Hyde Park, etc.). Les déambulations du narrateur dans la ville l’amène à dresser un portrait de Londres, où règne un chaos de contradictions culturelles (installation de barrières visant à empêcher les sans-abris à dormir sur les bancs, les affrontements incessants entre les skateboarders et les architectes, etc.). Driftwood se veut être un hommage au film London de Patrick Keiller (1994) qui présente également la capitale anglaise au travers des yeux de son narrateur. [2]



Avec House and Garage, Oliver Payne et Nick Relph s’intéressent aux banlieues de Londres, où ils ont grandi dans les années 1980. Le titre fait référence non seulement à la banlieue pavillonnaire (chaque maison étant équipée d’un garage), mais aussi au style musical du même nom qui se développe à ce moment-là. La structure narrative de Driftwood disparaît au profit d’un collage d’images filmées en 16mm et en Super 8, de musique, et de textes parlés.



Jungle est une exploration nocturne de la nature anglaise. Ce troisième volet semble être le versant opposé de Driftwood, en déplaçant l’attention du spectateur sur la campagne du Devon et les rites superstitieux qui l’entourent (ovnis, cercles dans les champs, etc.). Pour achever cette trilogie centrée sur la vie, parfois désœuvrée, des jeunes londoniens, Oliver Payne et Nick Relph voulaient «explorer le pays et élargir [leur] objectif » [3].




Géraldine Mercier




[1] Le terme “driftwood”, signifie littéralement “bois flotté”. Driftwood est aussi une marque de matériel de skateaboard.
[2] Oliver Payne : “Driftwood stems directly from wanting to make a homage to Patrick Keiller’s London. We wanted to ape his technique but discuss something we had an intimate knowledge of : skateboarding.” Interview en ligne : www.theblowup.com/nickoliver
[3] Oliver Payne : “We wanted to explore the country and widen our lens as it were”. Ibid.