Les Protestants, 2005
Betacam numérique, PAL, couleur, son
Les Protestants est une “vidéo de famille”. Au gré des évènements qui structurent la communauté (groupe de discussion, célébration, mariage, rallye, etc.), l'artiste interroge des membres de sa famille proche. Elle évoque avec eux des questions identitaires, religieuses, sociales et générationnelles : les jeunes sont scouts, comme l'étaient leurs aïeux ; les parents se souviennent des rallyes de leur jeunesse protégée ; le grand-père évoque son goût pour la pratique assidue de la gymnastique. Les générations se tissent les unes dans les autres et chacun serre et desserre les liens de cette identité. La vidéo est empreinte de douceur et plutôt que de poser un regard critique ou fasciné sur cette classe bourgeoise protestante dont elle est issue, Clarisse Hahn s'emploie à franchir insensiblement les frontières entre intimité et extériorité. Elle ne cache pas sa caméra, les images ne sont pas volées et prolongent une certaine idée de retenue et de sobriété.
“Il ne s'agit évidemment pas d'une recherche ethnographique, mais avant tout de capter des atmosphères et de dresser des portraits. Comme dans l'ensemble de mes travaux, le corps tient une place centrale : contraint de diverses manières, mis en valeur, manipulé, caché… Modifié par une gestuelle professionnelle ou raidi par des attitudes dictées par un rôle social.” Clarisse Hahn
À nouveau entre implication et distance, l'artiste propose une réflexion sur les valeurs qui régissent la vie des individus, une collectivité structurée par ses codes, ses rituels, son rythme, son économie et son esthétique propres - qui se traduisent notamment dans le rapport de chacun à son corps.