Duvidéo, 1987

Betacam PAL brésilien, couleur, son


Une route vallonne dans des montagnes désertiques, une musique indienne nous accompagne tout son long. "Au début il avait une flamme, et à l'intérieur la vie brûle" nous dit la voix off. Ici, nulle trace de vie. La voiture passe dans un tunnel sombre, et ressort dans les faubourgs d'une ville brésilienne. Sur une musique rock, agressive, nous traversons la banlieue, et ses "scènes de la misère humaine". Nous entrons dans une ville à l'humanité entravée.
Une femme lance une feuille de papier du haut d'un immeuble immense, délabré, grisâtre, nous suivons sa longue chute le long des fenêtres alignées, qui découvre toute l'horreur de ces tours construites les unes sur les autres.
"Attendre un signe qui nous rattache aux temps anciens" nous dit la voix off, signe que l'on parait chercher dans une scène vaudou où des hommes hypnotisés tournent autour d'un feu.
Mais cette nouvelle magie, ce nouveau vaudou que nous décrivent les deux artistes ce sont les images médiatiques qui alternent maintenant à l'écran. La télévision omniprésente, où l'on regarde les uns vivre et les autres mourir, qui captive les regards.
Les deux artistes questionnent ici la culture brésilienne, et son rapport avec les médias.
Des hommes filmés en train de regarder les informations à la télévision, hypnotisés par les images, laissent place à un enfant mourant de faim, puis à une bouche mangeant un hamburger. Toute la contradiction des images qui imprègnent l'inconscient des hommes est mise ici à nu.
"Il est minuit et la civilisation dort, seul le soleil électrique brille tout autour de la terre, personne ne vivra et de mourra dans un même endroit. Nous sommes partout et nous sommes nulle part, le puzzle est sur l'écran de télévision" dit la voix off. "Le puzzle est dans la flamme".
Ici se contredisent deux visions, celle des origines de la culture brésilienne, cette flamme qui brûle néanmoins, et celle véhiculée par les médias. Les hommes regardent le désastre de leur vie sur le petit écran, la violence des rues, la misère.
Renato Barbieri et Clovis Aidar questionnent dans Duvideo l'identité brésilienne face aux médias ainsi que le magnétisme exercé par le petit écran.

Elodie Vouille