Trois séquences, trois mini-fictions axées sur la perception du temps, les signes culturels, le langage publicitaire qui le nomme et le balise. Trois réactions critiques vis-à-vis des schémas de vitesse, de narration et de cadrage propres à la transmission d'images en mouvement.
Dans Fuse, une bougie partage l'image horizontalement, découpe l'espace en deux parties. Le temps pendant lequel la bougie se consume, de gauche à droite, est marqué par un texte (extrait de Croire en l'esprit de San-Tan, écrivain zen du IIe siècle) qui défile dans l'axe contraire. Ce métalangage lance quelques phrases tronquées sur la parole et le silence, la vision humaine du temps contre l'éternité. Timer montre les signes symboliques de représentation temporelle : l'image du sablier, le bruit du réveil, la voix de l'horloge parlante. Symboles interprétés, isolés par un langage, une phrase, des concepts figuratifs qui glissent verticalement de long de l'objet, jusqu'à ce qu'il se vide. Slow Down varie la vitesse de défilement des mots de haut en bas, trop rapide ou trop lent pour la perception humaine, parallèlement à celle de l'eau qui s'écoule d'un robinet jusqu'au goutte à goutte. Ce mouvement travaille l'idée de liquidité du temps, de la goutte d'eau comme sablier naturel. Ces trois séquences jouent sur la variation de perception objectives et subjectives du discours, les limites d'intégration pour le spectateur des informations au fur et à mesure qu'elles lui sont offertes.
Antoni Muntadas représente la nature et le volume de la transmission, de notre réceptivité, tout autant que nos conceptions culturelles, historiques, spatiales et temporelles, tous les stéréotypes, prototypes, standards (dire par exemple : "le temps c'est de l'argent") liés à la société de consommation.

Stéphanie Moisdon