Fresh Acconci, 1995

Bande vidéo Bétacam SP PAL, numérisée
4/3, couleur, son,
44 min 45 s
Achat en 1996


Cette vidéo est une collaboration de Paul McCarthy et de Mike Kelley, qui date de 1995. Les deux artistes y  reprennent une série de performances du début des années 1970 de l'artiste américain Vito Acconci qui explorait alors les capacités relationnelles de la vidéo tout en interrogeant l'intimité, la confiance et le pouvoir. Seul protagoniste de ses performances à ses débuts, Vito Acconci a ensuite travaillé avec d'autres performers sur la psychologie des relations.
L'action de rejouer une performance (ou 'reenactment') est de nos jours une démarche artistique à part entière qui souligne à la fois l'importance de la présence physique de l'artiste mais aussi la nécessité d'actualiser des œuvres 'cultes'. Il faut noter qu'en 1995, la scène artistique s'est rapprochée du monde de la mode, que ce soit avec Vanessa Beecroft ou Sylvie Fleury par exemple. L'esthétique des magazines entre dans l'univers de la production artistique et des galeries.  Chez McCarthy et son complice, cette esthétique de la séduction vire au trivial : les performances de Vito Acconci sont en effet rejouées par des acteurs pornographiques. On est bien sûr à l'opposé de l'usage asexué de la nudité dans les années 70, Acconci se mettant en scène sans apprêt. L'esthétique des corps, les décors de chambre avec un feu de cheminée, l'éclairage délicat des chairs de Fresh Acconci renvoient explicitement au porno soft, éclipsant le propos d'origine. Pour McCarthy "In Fresh Acconci, the New York art scene is sandwiched with Hollywood. Two kinds of aesthetics overlap” (" Dans Fresh Acconci, la scène artistique de New York est prise en sandwich avec Hollywood. Deux esthétiques se juxtaposent. ") [1].
Les différentes séquences renvoient spécifiquement à 4 performances: Claim excerpts 1971, Contacts 1971, Focal point 1971, Pryings 1971, et les libertés de mises en scène en évoquent d'autres comme Three Relationship Studies, 1970. Sur la durée du film, les scènes se répètent, mais elles sont jouées par des comédiens qui déclinent les physiques et les genres. Les relations deviennent donc parfois homosexuelles ou interraciales. Cette diversité souligne le caractère hétérosexuel blanc de la scène artistique des années 70.

[1] eai.org



Patricia Maincent