Les Confettis, 1997

Bande vidéo Hi8 numérisée, 4/3, couleur, son
3 min 30


La caméra est subjective, à hauteur d'épaule.
La première séquence débute sur un passage piétonnier. Boris Achour avance dans un espace urbain en jetant sans arrêt des confettis autour de lui.
Il suit des passants dans la rue, se poste à la sortie d'un escalator de métro, puis se faufile entre les voitures, tout en continuant de lancer des confettis.

Son geste, sans être une sollicitation directe, peut apparaître comme une forme de provocation cachée, de prise à partie douce des passants et des automobilistes.
La plupart des passants restent stoïques, peu manifestent d'émotions, si ce n'est une forme d'amusement.
A la fin de son parcours, Boris Achour envoie des confettis sur des choses ou formes inanimées : un mannequin dans une vitrine, une voiture sans passager, un pigeon, un graffiti sur un mur.

A l'instar des Actions-peu, Confetti rend compte d'un sens de l'intervention urbaine ludique et légère, où l'action n'est en rien spectaculaire.
Les passants que Boris Achour croise ne répondent pas vraiment à sa proposition d'amusement provoquée. La caméra joue un rôle à la fois inhibant pour les personnes filmées et protecteur pour l'artiste. Confetti est filmé dans la rue, la caméra à l'épaule est donc bien visible, ce processus est une manière de tenir une distance entre celui qui filme et ceux qui sont filmés.
Un décalage est créé entre un ordre établi, le défilé des piétons dans la rue et un geste sorti de son contexte habituel, le lancé de confettis.

L'utilisation des confettis est liée à la fête, soit populaire comme un carnaval, soit privée comme un anniversaire. Boris Achour brouille les circonstances usuelles qui accompagnent la liesse d'une fête populaire ou l'intimité d'une célébration privée.
Que vient-il donc fêter à ce moment-là dans ce lieu-là, tout seul derrière sa caméra ?
On serait tenté de répondre : rien.

La raison de son geste incombe moins à une interprétation littérale qu'à un déplacement ironique eu égard aux tentatives de faire descendre l'art dans la rue.
Dans une logique de désacralisation de l'art et de sa diffusion auprès d'un large public, les manifestations d'art dans la rue se sont multipliées.
La bande Confetti parodie presque cette manière de solliciter un public non averti avec un procédé à la fois très direct – descendre dans la rue pour asperger les passants de confettis – et un résultat qui peut sembler stérile – leur absence de réactions.

A travers une proposition formellement très ludique, apparaît souvent dans le travail de Boris Achour un aspect critique qui refuse la pédagogie et puise ses références dans les pratiques et oeuvres artistiques contemporaines.

Laetitia Rouiller