Love, 2003

Betacam numérique PAL, couleur, son


Dans Love, réalisée en collaboration avec Gary Hillberg, Tracey Moffatt réemploie la technique de montage déjà utilisée dans Lip (1999) et dans Artist (2000). Elle compose son œuvre d'un montage d'extraits de films hollywoodiens des années 1940 à nos jours. Les séquences s'enchainent à la manière d'une bande annonce de film, brassant les différents genres cinématographiques : film noir, aventure, amour, drame, action et comédie. Tracey Moffatt dynamise le montage en utilisant une typographie digne d'un film d'horreur pour le titre de son œuvre, en choisissant une bande son moderne créant un décalage avec l'image, mais aussi en accélérant et colorisant certains plans. L'artiste explore les différentes facettes de l'amour et du désir tels qu'ils ont été capturés par le cinéma. Le résultat est à la fois ludique, captivant, sarcastique, et parfois un peu effrayant dans le rapport au désir qu'ont les personnages. La vidéo parcourt les différentes étapes d'une histoire d'amour, la première partie de l'œuvre est composée de scènes romantiques et de baisers de cinéma. Toutefois, c'est assez rapidement que la passion s'évanouit sur les mots de Jack Nicholson " I don't feel anything anymore " et laisse place à des scènes plus violentes, teintées de haine. Tracey Moffatt explore les conventions propres au cinéma hollywoodien et décrypte de manière ironique les relations sentimentales entre un homme et une femme : des scènes d'amour passionné, des promesses, des insultes, des gifles, des larmes, des accusations, des excuses, des menaces, des portes qui claquent. Toutes ces émotions fausses isolées de leur contexte narratif sont montrées ici pour leur dimension dramatique, et accentuent le côté comique du montage. C'est une vision sceptique du couple et de l'amour que propose Tracey Moffatt. Un conte de fée moderne remettant en question la célèbre phrase “ils vécurent heureux…”

Priscilia Marques