Horror, 1998

Betacam numérique PAL, noir et blanc, son stéréo


Horror (1998) est un film présenté en boucle sur un écran géant dans l'espace de la galerie ou du musée. Comme le titre l'indique, il s'agit d'un film d'horreur -comme les autres- avec un groupe de collégiens, un tueur en série et un shérif, des poursuites et des meurtres, un peu d'amour et beaucoup de sang. Mais le film ne présente aucune image. Sur l'écran, simplement, des cartons se succèdent, des mots et des phrases, en noir sur fond blanc, séparés par des fondus, toujours au même rythme, qui décrivent le film que nous ne voyons pas, mais d'une manière très générale et sans aucun ordre apparent (ils sont placés par ordre alphabétique): " Chase Scene in the Wood ", " Close Up", " Dissolve", " Extremely Long Killing Scene ", " Flash Back ", " Everyone Dies Except The Hero And His Girl ", " Interior Scene. Hospital. Day/Night ", " Mood Music ", " Nudity ", " Over the Shoulder Shot ", " Overacting ", " Sheriff Solves The Murder In The Last 5 Minutes Of The Film ", " Slow Motion / Dialogue ", etc. La bande sonore ne présente aucun dialogue, mais le bruitage, les ambiances et la musique créent, sinon un récit, du moins une certaine présence et une tension dramatique: orage, musique inquiétante, porte qui grince, bruits de pas, vitre qui se casse, cri de femme, sirène de police, etc. Le dispositif est iconoclaste, qui vide l'écran de ses images et la bande sonore de ses dialogues, les désynchronise et les désordonne allègrement pour ne laisser, du film, que des bribes de récit et quelques effets. Le cinéma traditionnel en est ici réduit à sa plus simple généralité, celle du genre. Cette installation manifeste le rôle décisif de l'imagination dans l'expérience cinématographique et l'importance du son, qui est devenu le moyen le plus efficace pour assurer l'immersion et l'empathie. Mais l'œuvre est essentiellement parodique, puisque le remake, le remake de genre, est ici l'occasion d'une analyse critique du cinéma de fiction dominant, de ses stéréotypes, de ses conventions rhétoriques et narratives, de son idéologie.


Olivier Asselin